Interview pour ARTISTIKREZO Mai 2017
Crédit Photo © Fréderic Montandon
Crédit Photo © Tieri Trademark
Crédit Photo © Tieri Trademark
Crédit Photo © L'Appartement
Crédit Photo © L'Appartement
Crédit Photo © Mr Plant
Crédit Photo © Tieri Trademark
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Tieri Trademark « Je sculpte en hommage aux graffeurs » Les Incompressions de Tieri Trademark sont nées du parcours de cet artiste qui a d’abord fréquenté la scène graffiti comme photographe. Désormais, les bombes rouillées des graffeurs deviennent, sous son marteau, des œuvres d’art, en forme de clin d’œil à l’imaginaire du Graffiti. Tieri, quel est ton parcours ? Né en 1965 en région parisienne, je suis témoin des premiers graffitis sur la ligne Saint- Lazare dans les années 1980. Je passe alors mon temps à les décrypter le long de la voie (ce que je fais encore quand je prends le train !). Je me suis toujours dit qu'il fallait garder une trace de tout ça. C’est seulement à la fin des années 1980, lorsque j’acquière un appareil photo, un vieil Olympus Om10, que tout commence, avec mes premières photos de rue à Pau (Echo, Snake), puis à Toulouse à l’époque où la Truskool, Miss Van et les Hanky Panky Girls sévissaient en toute quiétude. Comment es-tu entré dans le monde des graffeurs ? C’est venu petit-à-petit, photo aprés photo, avec le soutien de certains, comme Sade qui me « protège » pour obtenir une crédibilité et la confiance du milieu. Il y a vingt ans, personne ne traîne dans les rues et les usines en prenant des photos des tags et des graffitis ! Aujourd’hui, il y a même un nom pour cela : l’Urbex. Grâce à cette démarche, présenté par Olymp, j’intègre en 1999 le Tdm crew, à Montpellier... en tant que photographe ! Quelle est la réaction du crew ? A cette époque, les graffeurs ne prennent pas de photos de leur travail, ils peignent pour peindre ! A leurs yeux, un photographe « vole » leurs images. Au premier contact, c’est « chaud » de se retrouver seul, sur un terrain-vague, face à quatre types plutôt réticents. Il faut être crédible, et aussi passionné qu'eux, pour devenir un membre à part entière du crew, certifié-tatoué ! Qu'est-ce qui t'a intéressé dans la photo de rue ? Explorer les villes, les usines, les lieux désaffectés, c'est à la fois dangereux et grisant, à la recherche de l'endroit parfait pour photographier un tag ou un graffiti, se servir du contexte et de l'éclairage pour immortaliser un geste, une histoire. Photographier des sujets éphémères donne une responsabilité à chaque cliché. Qu'as-tu appris avec eux ? Le plaisir de peindre sans contrainte, sans enjeu et avec humilité, dans un contexte où tout reste à faire, sans business établi. C’étaient des individus regroupés autour d'une même passion avec un besoin de s'exprimer différemment. J’ai appris le geste, les styles, la conception, la lecture d'un graff et l’observation tout simplement. Comment le photographe devient-il sculpteur ? L'intégration au sein d'un crew me conduit à travailler l’image du graffeur et de son outil : la bombe aérosol. Au début, je ramasse des bombes avec une forme particulière et je les fixe sur un socle : ça fonctionne. Puis, je commence à les déformer, compresser, accumuler... Depuis, j'ai arrêté la photo, et 400 sculptures plus tard, je m'aperçois qu’elles sont une forme de version 3D de mes clichés. Tieri Trademark : quel drôle de nom ? Au départ, je me nommais Tieri, puis j'ai voulu ajouter un « nom de famille ». Mon crew, Tdm, est aussi l'abréviation de « Trademark », qui peut être traduit par « marque de fabrique », ce qui correspond tout à fait à mon travail. C'est un nom sur mesure. Si tu devais qualifier ta démarche ? Je sculpte en hommage aux graffeurs : c’est un remerciement empli de respect. J’utilise le même outil, mais de manière différente. C’est ma façon de faire du graffiti. Comment travailles-tu ? D’abord, je ramasse des bombes. Puis je passe à l'acte, en atelier : je dessine une esquisse de la pièce, ça me libère l’esprit. Ensuite, je m'assure que les sprays ne sont plus sous pression, je les vide et je retire l'étiquette publicitaire, pour n'avoir plus que la bombe brute. Après, je les mets en forme, une à une, à l'aide d'un marteau – mon seul véritable outil – et je les assemble, au fur et à mesure, pour que tout s'imbrique. Je choisis chaque bombe en fonction de sa teinte, plus ou moins rouillée, pour qu'au moment de la patine finale, les différences de ton ressortent. Je crée aussi une caisse sur mesure, en bois de palette, qui fait partie intégrante de l'œuvre. Comment t’approvisionnes-tu ? Principalement par les graffeurs, mais je suis exigeant : je n'utilise que les sprays « oldschool » avec étiquettes collées ! Je fais une « récolte » environ trois fois par an dans des terrains où je les laisse vieillir volontairement, pour avoir des « tons » de rouille différents. De quelle pièce es-tu fier ? Sans hésitation, l'extincteur " Vandal ". J'aime le contraste de la bombe compressée et des parties plastiques. Je la trouve puissante, esthétique et emblématique. Beaucoup de travail pour un résultat unique. Certains disent que tu es le César du Street Art ? Ahah ! La comparaison revient souvent, évidemment. L'influence est flagrante, et j'en suis très fier. César et Arman ont bousculé le monde de la sculpture classique. Ils ont permis aux amateurs d'art de voir le « beau » dans le rebut industriel. C'est ce que je m'efforce de faire ressentir aussi en toute humilité. Combien de temps travailles-tu sur chaque pièce ? Je suis extrêmement calme et concentré lorsque je travaille, avec de la musique (Curtis Mayfield, Ben Howard, King of Convenience ....etc), seul dans mon atelier. Chaque coup de marteau est précis, chaque torsion donne la forme. Une à une, les bombes s'assemblent. La sérénité est ma meilleure alliée. Une patine finale unifie l'ensemble. La moindre pièce nécessite un temps conséquent : une centaine d’heures pour l’extincteur " Vandal ". Qu'est-ce qui t’influence ? Le travail du temps sur la matière, la lumière, l'humeur, la vie, les rencontres. Des artistes tels que Soulages, Tanc, Tilt, Taku Obata, Mr Bmx me donnent envie d'aller plus loin. Tu restes très proche de la scène Street Art ? J'appartiens à ce mouvement maintenant depuis une trentaine d'années ! J’ai des amis pionniers de ce mouvement, tels que Alex (Mac) et Der (Ts), qui ont toujours été présents pour me soutenir. Lorsque je leur rappelle que je ne suis pas graffeur, ils aiment à me dire « Oui, mais toi, ce n'est pas pareil... ». Je côtoie aussi J.Raynaud, Mr Bmx, Hazo et Ose de la jeune génération : mon parcours atypique permet de leur transmettre mon expérience avec crédibilité. Et tes collaborations ? Je propose à des noms de la scène graffiti ou non, de « customiser » une de mes sculptures et sa boîte ! C’est un régal de constater l'engouement d’artistes aussi différents que Der, J.Raynaud, Fred Calmets, J.M Robert, Kegrea, SkunkDog, Mr Plant, Sirck, Futon, Mr Bmx, Salamech, Blasté, Miss Veneno, Hopare, Olymp, Brok, Hazo, Kopsky, Zarcer, Mr Big, Jazzu : c’est mon jam personnel. Lors du vernissage de " Tieri & Co ", au Runthingshop à Montpellier, il y avait autant de représentants de crew différents sur les murs que dans le public...Just perfect ! N’as-tu pas envie d'intervenir dans la rue ? Tout vient de la rue : les sprays, les pots, les rouleaux et même certains socles. Récemment, j'ai voulu réintégrer mes " Pinceaux-Bombes " dans un contexte urbain. Ainsi, j’en ai placé au Le Vigan, Paris et Montpellier et je compte bien continuer. Placer mes sculptures sur des murs est une évolution logique de ma démarche : un juste retour à la rue. Quelle est ta prochaine actu ? Une expo le 13 mai à Saint-Etienne avec Heng et Clément Vérdiere (L'Appartement ) . Le Wild Summer Festival en juin à Montpellier, avec, en prévision, une installation avec mes amis Mr. Bmx et Hazo. De nouvelles collaborations ; Kopsky, Asto, Black Messenger...... Quel serait ton lieu d'exposition rêvé ? Je suis très satisfait des lieux ou j'ai exposé : en particulier L' Appartement, à Marseille, un lieu sublime et ma galeriste attitrée, ainsi que la galerie 36ème Art à Saint-Dié-des-Vosges, tenue par un couple adorable. Deux autres lieux m’attirent : l'espace Cobalt à Toulouse, ou a lieu le festival Mister Freeze, et la Collab Galerie en Allemagne. Ce sont des lieux de rêve, immenses et structurés où chacun peut exprimer son univers. Quels nouveaux territoires as-tu envie d’explorer ? Je suis en pleine réflexion aussi sur la taille et l’abstraction : je pense à une sculpture à taille humaine, toute en puissance, sans véritable représentation, simplement des confrontations de matières, de torsions et d'angles. Une sculpture qui vous toucherait et vous bousculerait par son aspect irréel. Propos recueillis par Clotilde Bednarek pour Artistikrezo |
STUART Urban Art Magazine Dec 2016 / Janv 2017
Tieri Trademark " Seconde vie " A quoi peut bien servir un extincteur vide et des sprays déjà utilisés? Le photographe plasticien Montpellierain Tieri Trademark (né en 1965) se sert d'ustensiles issus du graffiti pour créer des œuvres d'art, leur donnant ainsi une seconde vie. Son œuvre porte le nom de " Vandal " en hommage aux activistes adepte de l'extincteur pour peindre: vandalisme extrême! Les sprays ont été soit données, soit ramassées sur les terrains. Le résultat rappelle les sculptures du Français César (1921-1998), spécialisé dans la compression des rebuts métalliques. Mais ici, le travail est manuel, réalisé à la force des poignets ou au marteau. Quant à l'assemblage, c'est un secret! Stuart Mag #2 Dec 2016 / Jan 2017 |
400 ml le livre 2008
La bombe de peinture est l'objet fédérateur qui symbolise le mieux l'art urbain, 400 artistes du monde entier ont accepté de travailler sur ce support, créant ainsi une collection unique de 400 bombes aérosol, en écho aux 400 ml, contenance standard européenne. A l'origine de ce projet: Gautier Jourdain, passionné d'art contemporain, inspiré par Jean faucheur artiste urbain de renom et fondateur du M.U.R (Modulable, Urbain et Réactif). Le livre "400ml" documente cette collection Editions Kitchen 93 |